Un connard dans un endroit un peu trop mignon pour lui ( RP Libre )

La vie comme maid était pas mal. C'était la seule activité que June ne séchait pas. Mettre une robe aussi courte la gênait un peu mais elle recevait plus de compliments que de commentaires déplacés. Bien-sûr, elle ne se laissait pas faire. Elle leur répondait parfois par des réparties cinglantes ou des gestes obscènes. Elle avait ce caractère de merde, la June. Mais elle se limitait parfois pour ne pas avoir à mêler sa patronne ou d'autres élèves.
En parlant d'élèves, un client s'amena provoquant un sentiment national perdu entre la panique et le questionnement. Le client était un blond (plus de 20 ans, à en voir son visage). Il lançait un regard hagard, typique d'un... drogué. Ouais, elle les connaissait bien, la June. Il s'amène en sueur, les yeux bouffis, titubants comme si le sol bougeait de lui-même. Sauf que celui-ci avait une autre lueur en plus de celle du drogué. On aurait dit qu'il jaugeait. Il jaugeait tout le monde. Un désabusé de la vie.
Elle eut presque une certaine compassion pour le jeune homme. Elle abandonna sa commande et s'approcha du type. En temps normal, elle aurait bavé sur son corps bien sculpté et sa gueule d'ange mais il avait pas l'air bien. Une fois près de lui, elle ne voulut pas avoir l'air inquiète, les drogués méritaient parfois la mort surtout que lui devait posséder de la dure.

- Dis donc vous, dit-elle une fois à moins d'un mètre de lui, l'infirmerie c'est pas ici. Déguerpissez, vous faîtes peur aux secondes.

Il fallait leur parler comme ça selon elle. Mais elle était déstabilisée par son regard. Elle se revoyait dans ce regard. Le regard d'un critique de la société. Peut-être que c'est à force de ne pas se confier que cet homme s'était foutu dans la drogue.

Ce type n'avait pas la langue dans sa poche. June avait les nerfs qui lâchaient facilement et le "salope" faisait parti des mots qui pouvaient faire sauter ses nerfs.
Elle le laissa approcher et le toisa d'un mauvais œil. Les salopes, ça couchait, ça profitait, ça se sentait plus pour se rendre comme des merdes ambulantes. Elle n'allait pas se faire insulter de la sorte. Elle revit une seconde sa mère, la véritable salope puis son beau-père, le salaud. Rouge de fureur, elle arrêta de se tenir un carreau. Elle en avait marre de se retenir sous prétexte qu'elle était nouvelle dans cet établissement et dans ce café. Professeur ou pas, elle allait lui faire la peau.
Elle s'approcha d'un pas pour lui lancer son poing à la figure d'un air fermé, se retenant d'hurler de rage.

- C'est toi qui va m'écouter, enfoiré: tu sors de mon café ou j't'envoie à l'hôpital, menaça-t-elle. T'as pas à manquer de respect à un quelqu'un et j'te conseille d'arrêter de chercher les noises. Si tu cherches à te faire voir, va te faire voir ailleurs.

Elle avait parlé d'une voix grave et autoritaire. Elle avait beau être mineure, on lui donnait cinq ans de plus lorsqu'elle s'énervait, elle n'aimait pas qu'on lui parle sur ce ton et sûrement pas qu'on l'insulte de "salope".

Elle se retrouva plaquée au mur. Elle comptait préparer le second assaut le temps qu'il parle mais elle attendit. Personne pour s'interposer, un aubaine, elle ne voulait pas faire de mal aux autres. Elle ressentit quand même une légère peur lorsqu'il se colla rudement à elle. Tellement qu'elle avait un peu de mal à respirer. Là, elle aurait voulu demander de l'aide mais toujours personne. Quelles nouilles.
Elle sentait qu'il allait devenir violent... mais non. Il se décolla en s'excusant. Pas avec le sentiment de vraiment vouloir s'excuser mais après tout, c'était ça. Elle resta adossée au mur un instant, jaugeant l'homme en face d'elle. Elle tremblota légèrement en passant une main dans ses cheveux et s'avança vers lui.
Prenant doucement le bras de Siméon, elle le regarda dans les yeux, ne tentant aucunement de se faire menaçante.

- Suivez-moi.

Son ton était plus calme. La salle se calmait en même temps. Elle comptait l'amener à la cuisine afin qu'il reprenne ses esprits. Elle le tira légèrement, rien de brusque. Elle craignait un peu sa réaction.
Elle se faisait frapper par un type de son âge lors de son enfance, elle redoutait beaucoup les adultes. "Peur" n'était même pas le mot convenable. "Horrifiée", "traumatisée" ou "tétanisée" étaient les mots justes.

 Elle sentit qu'il voulait le retirer mais elle le tenait avec assez de fermeté pour lui dire qu'elle ne lâcherait pas. Elle fut assez reconnaissante qu'il la suive sans rechigner. Elle le laissa prendre place sur une chaise le temps qu'elle alla prendre un verre d'eau. Elle le déposa sur la table, juste devant lui, n'osant pas lui parler. Elle tira une chaise et s'assit en face de lui, le voyant, pas dans dans son assiette du tout.
 Elle rassembla ses cheveux en une petite queue de cheval. Le maximal pour d'aussi courts cheveux. Elle tentait de se calmer un peu puis toisa enfin l'homme en face d'elle. S'il arrêtait sa gueule de dépressif, les petits trous - signe qu'il se piquait mais ne s'injectait pas des médicaments- et sa manie colérique, le jeune homme était plutôt... attirant ? Tout se mesurait par l'expression.
 Elle dû attendre un bon moment pour enfin parler d'une voix calme mais sans douceur:

- S'cuse-moi de t'avoir frappé... j'crois que j'aurais pas dû.

 Elle n'arrivait jamais à réellement s'excuser. Rares étaient les fois où elle devait présenter ses excuses et maladroites elles étaient. June savait parler mais quand elle cognait, elle cognait justement. Sauf que là, l'homme devait avoir un sérieux manque de confiance en soi ou bien la drogue qui avait des réactions psychologiques. Cela étant, elle aurait du le réprimander mais il l'avait intimidé avec une telle puissance qu'elle était à la limite de finir en décoration avec le papier peint.

 Elle souffla, faisant soulever sa frange un instant. Le machisme des hommes. Mais il s'était excusé avant. Elle sortit un mouchoir de sa poche pour essuyer la goutte de sang glissant sur le menton du jeune homme. Il s'était bien mordu. Elle sentait son regard sur elle. Il était neutre, comme s'il était blasé de cette vie. Pour sûr, il se droguait pour partiellement l'oublier mais il la foutait en l'air.
 Il aurait pu mieux finir, cet homme. Elle qui haïssait les suicidaires alors qu'il n'avait pas connu la douleur, la véritable. Elle-même ne s'était pas faite de mal lorsqu'elle avait réalisé que plus jeune, en plus de se prendre des coups elle subissait les pulsions sexuelles de son beau-père lorsqu'il ne se payait pas de prostituées ou lorsque sa mère n'était pas utilisable. Elle s'empêcha de verser des larmes à ce souvenir et lui dit:

- J'aurais p't'être pas dû... si t'avais tenté de mieux causer, souffla-t-elle en redoutant directement ses paroles.

 Cet homme devait avoir de la force. Un fort caractère équivaut à une force monumentale et peut-être que la galanterie, c'était pas pour lui. Il avait une sorte de machisme ou de fierté qu'il faisait parvenir par un comportement vulgaire et sadique.
 Elle en avait peur. Même s'il était calme, assit à cette table, il pouvait très bien se lever et lui faire sa fête. Elle redoutait cette réaction. Les adultes lui faisaient peur et le jeune homme faisait un peu vieux avec son air abusé et ses gouttes de sueurs perlant son front.

Elle se rendit compte qu'elle pleurait en silence lorsqu'elle sentit une main sur son visage entrain d'essuyer les gouttes ruisselantes sur ses joues prenant une teinte rouge. Lorsqu'on pleure, on a toujours le visage rougit. Penser à ça, ça donnait déjà assez de mal comme ça. Elle aussi elle aurait put finir comme lui. Un être incompris, menaçant, froid, dérangeant...
Elle eut presque peur mais vit avec bonheur qu'il n'en fit pas plus. Elle s'autorisa un fin sourire. Avant de finir le boulot à sa place. Lorsqu'elle releva le visage elle vit qu'il fuyait le sien. Elle pencha la tête, tentant de rencontrer ses beaux yeux clairs mais embués de larmes.

- Alors laisse aller tes larmes, fit-elle en le regardant avec des yeux sérieux. J'veux pas te prendre en pitié, j'veux que t'extériorise autrement que par ta technique violemment thérapeutique, ajouta-t-elle en espérant qu'il prenne ça avec un peu d'humour.

Elle ne voulait pas devenir "une épaule sur laquelle pleurer". Elle voulait qu'il se laisse aller. Malgré qu'il soit agressif et drogué, elle savait rien qu'en voyant son état qu'il n'avait qu'une envie: pleurer. Une minute ou une heure. Elle s'en fichait. Le temps qu'il se vidait. Elle ne lui demandait pas de déballer sa vie, elle voulait qu'il rejette sa souffrance.
Malgré qu'elle ait un peu peur, elle se voyait en lui. Comme si elle savait ce qu'il endurait alors qu'elle ne connaissait même pas son nom. Il avait besoin de quelque chose, mais quoi ?